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Falerme débute son petit rituel du matin, à 6h, comme d’habitude.
Il se réveille, s’étire longuement, enfile ses deux chaussures installées judicieusement au bord de son lit, et se dirige vers la cuisine. Comme tous les matins, son estomac se met à gargouiller dès qu’il sent l’odeur du bon pain se préparant dans la taverne voisine.
Il ouvre son placard et en sort un pot de miel issu des ruches de son village et un pot de confiture d’abricot de Mr Leubel, le jardinier du coin. Il ouvre ensuite son frigo, et le contemple un instant. Il est bien plein, garni de bons produits frais et locaux de son village. Il prend une bouteille de lait frais et trois œufs que ses poules lui avaient gentiment offerts la semaine dernière.
Il installe toutes ces bonnes choses sur sa grande table en bois massif, qu’il a construit lui-même, et attend patiemment.
A 6h13 exactement, un son de clochette retentit. Tout guilleret, il bondit de sa chaise et va ouvrir la porte de son chalet. C’est Mme Trobette, la boulangère de la taverne voisine.
« Bonjour Falerme, tout va bien ce matin ? Dit-elle, les mains jointes, d’une voix mêlée de gentillesse et de crainte.
– Oui, tout va bien Mme Trobette ! Quelque chose vous tracasse ?
– Non, non, tout va pour le mieux, répond-elle hâtivement, balayant l’angoisse dans sa voix. Je vous ramène votre pain du jour ! »
Elle s’empare du panier qu’elle a posé au sol. A l’intérieur s’y trouve deux pains chauds et moelleux, enroulés dans un torchon légèrement humide. Elle lui tend le panier, accompagné de son sourire chaleureux et maternel.
Mme Trobette est une grande dame dans le village. Très âgée mais toujours aussi active, elle est respectée de tous, et les jeunes du village se confient souvent à elle. Tous les matins, elle fait le tour des maisons pour y apporter gratuitement sa fournée de pains qu’elle prépare exclusivement pour les habitants.
Falerme récupère le panier des mains de Mme Trobette, et hume son contenu, fermant les yeux et appréciant la fumée qui sort du panier.
« Je ne me lasserai jamais de cette odeur inimitable. Vos pains sentent le bonheur, le soleil et la sieste du dimanche, dit-il.
– Merci, Falerme. Je file, j’ai encore pleins de gloutons qui attendent leur pain pour démarrer le petit-déjeuner ! »
La vieille dame fait demi-tour, marchant à la hâte vers le chemin pavé. Elle enfourche son vélo garé au bout du chemin, vérifie que sa cagette de pains, accrochée à l’arrière de son vélo, est bien fermée, et pédale en direction du nord.
Falerme s’apprête à retourner dans sa cuisine pour déguster de bonnes tartines de pain grillé avec de la confiture, lorsqu’un détail l’interpelle. Il remarque des traces de pas inhabituelles, allant du chemin pavé jusqu’à son jardin situé à l’arrière de son chalet. De larges empreintes, au moins dix fois plus larges que son pied. Quatre grandes et épaisses lignes se dessinent à l’extrémité de l’empreinte, semblant représenter quatre griffes.
Inquiet, Falerme s’avance lentement et suit les traces de pas. Elles l’amènent au bout de son immense jardin, près d’une cachette, derrière une grotte, dans laquelle il jouait étant enfant. Il pose ses pieds sur la dernière trace de pas, et regarde autour de lui. Il s’écrie soudain.
« Où est mon Dragon !? »
Son cri réveille le chat de Mr Leubel, paisiblement endormi près du potager. Le petit félin court se réfugier à l’intérieur de la maisonnette de son maître. Mr Leubel, un homme bien portant, trapu et petit, doté d’un embonpoint et de belles joues rouges lui donnant un air toujours jovial, cesse d’arroser ses premières graines de la saison. Il lâche son arrosoir.
« Ben alors, mon petit, que se passe-t-il ?
– Mr Leubel, mon dragon, il n’est plus là ! Il a disparu.
Mr Leubel l’observe un instant, les sourcils froncés. Puis il s’avance vers lui.
– Ton dragon ? Mais comment ton dragon a-t-il pu s’échapper ? Tu sais bien que les dragons ne volent pas la nuit.
– S’il ne s’est pas échappé, alors on me l’a volé ! Mr Leubel, je l’aime tellement, je ne m’en remettrais pas.
– N’aurais-tu pas entendu son cri perçant si quelqu’un avait tenté de le kidnapper ? S’interroge le jardinier.
– Je ne sais pas, il est tellement gentil… Répond Falerme, au bord des larmes.
– Ecoutes mon petit, si je peux te donner un conseil, c’est d’aller en ville, et de demander aux autres habitants, ils pourront sûrement t’aider.
Il tapote affectueusement l’épaule du jeune garçon, visiblement abattu.
– Allez va, tout va bien se passer », ajoute-t-il.
Falerme retourne dans son chalet, et dépose le panier de pains de Mme Trobette sur la table. Il reste pensif un instant, tête baissée. Il repense alors à la journée d’hier, qu’il a passé à survoler le village, à tutoyer le sommet des montagnes de la vallée de Yorde, à ressentir le vent caresser son visage alors qu’il s’envolait, tournoyait et planait dans l’air. Des gouttes de larmes tombent sur la table.
Soudain, le jeune garçon se ressaisit. Il n’abandonnera pas son dragon.
D’un pas assuré, il prend le chemin de sa chambre, ouvre son placard et s’empare de sa tenue de ville. Habillé de son pantalon vert foncé, de sa ceinture en cuir végétal et de sa chemise en lin beige, il accompagne le tout de sa fameuse cape. Une majestueuse cape noire courte s’arrêtant au bas du dos, et doté d’une grande et large capuche, parfaite pour les déluges imprévus. Il souhaite prendre des clichés de son dragon, afin de les montrer aux passants, mais il réalise soudain qu’il n’a aucune photo de son animal.
Il enfile ses bottes, empoigne sa sacoche, et quitte son chalet.
Il sonne aux portes de tous les voisins, leur demandant s’ils ont vu un dragon s’envoler pendant la nuit. Tous semblent un peu perplexe, voir inquiets. Certains ne répondent pas et referment la porte aussitôt.
Falerme est surpris de la soudaine incivilité de ses voisins, d’ordinaire plutôt serviables. Il continue sa quête d’informations, en s’éloignant vers un village plus lointain.
Il remarque alors un commerçant « de nuit » ; ces commerçants qui n’ouvrent qu’à la tombée de la nuit, et jusqu’au petit matin. Il vient de fermer sa boutique, et s’apprête à nettoyer l’entrée. Falerme lui fait un signe de main, et s’approche de lui.
« Bonjour Monsieur, je suis à la recherche de mon dragon. Auriez-vous repéré un dragon volant dans le ciel, cette nuit ?
L’homme, visiblement âgé, la barbe grisonnante, relève de son nez ses lunettes, bien trop larges pour son visage. Il s’approche du jeune homme tout en l’observant scrupuleusement de la tête aux pieds. Il répond enfin :
– Je n’ai vu aucun dragon voler cette nuit. Et la journée, il y en a beaucoup trop dans le ciel pour que j’en remarque un en particulier. Comment est ton dragon, jeune homme ?
– Il est grand, des ailes aux couleurs émeraude et améthyste. Il est assez jeune, il a de grands yeux ronds et noirs. Il vole très vite, et à basse altitude.
Le vieil homme reste silencieux, et observe Falerme attentivement. Il retourne dans sa boutique, et semble chercher quelque chose dans son bureau situé près de l’entrée. Il fouille dans des carnets et des monticules de papiers empilés, et en sort une toute petite carte, semblable à une carte de visite. Il revient près du jeune homme. De sa voix tremblante et nasillarde, il s’exclame :
« Je ne sais pas comment on peut perdre un dragon de la sorte. Je connais un sage qui habite au pied de la montagne Moarthe, à quelques kilomètres d’ici. Il a des capacités de clairvoyance qui pourront peut-être t’aider à voir plus clair dans cette histoire, et retrouver ton dragon.
– Ah, merci du conseil, je vais lui rendre une petite visite dans ce cas », répond Falerme, assez peu convaincu par cette idée.
Dubitatif, Falerme analyse cette carte. Une carte de couleur marron, un peu écornée. Un nom y est indiqué, ainsi qu’une indication de lieu. « Dr Zonytold – Au pied de la montagne Moarthe ».
La montagne Moarthe se situe au nord du village, à environ trente minutes de marche. Falerme décide de s’y rendre, tout en continuant d’interroger les habitants sur le chemin.
Après de longues minutes de marche et d’enquêtes infructueuses, les passants n’ayant aucune information utile à lui fournir, Falerme arrive enfin au pied de la montagne Moarthe. Cette montagne se distingue des autres par sa richesse et son sol très fertile. Peuplée de fleurs de toutes les couleurs et d’une herbe verte et touffue, cette montagne est très prisée des photographes ou des familles souhaitant passer un moment au vert, au plus près de la nature.
Falerme repère une minuscule petite grotte, et une petite pancarte en bois plantée à l’entrée. Il y est inscrit « Mr Zonytold, par ici ».
Il emprunte le chemin pavé, et arrive très vite devant la grotte. Il hésite à frapper à la porte. Il regarde à travers la petite ouverture qui semble servir de fenêtre, mais ne voit personne. De plus, aucune lumière n’éclaire l’intérieur de la grotte.
Il n’y a personne, pense-t-il. Las, il fait demi-tour et s’apprête à revenir ses pas lorsqu’il entend une porte en bois grincer et s’ouvrir.
« Que cherches-tu, jeune homme ? Dit une voix douce et mélodieuse.
Le jeune homme se retourne et se trouve face à un homme très grand, mince, aux longs cheveux blonds. Il semble plutôt jeune, ses traits sont fins. Il a de grands yeux verts, et des lunettes dorées. Il est habillé d’un simple pantalon large et d’une chemise en lin blanc.
– Je… On m’a conseillé de venir vous rendre visite. J’ai perdu mon dragon, et personne ne peut me dire où il se trouve, répond Falerme, intimidé.
– Viens avec moi, nous allons discuter », répond Mr Zonytold en lui faisant signe de rentrer. Il tourne le dos à Falerme et rentre dans sa grotte.
Le jeune homme pénètre dans cette petite grotte exiguë, si petite que Mr Zonytold doit se pencher pour y entrer, marchant le dos courbé. L’endroit est très sommaire et minimaliste. Une table et trois chaises font office de salle à manger, et une autre table est garnie de fruits et de légumes. Un petit canapé et une bibliothèque se trouvent au fond de la pièce.
Mr Zonytold avance, le dos toujours courbé, jusqu’à une autre pièce située au bout de la grotte. Là, il se redresse et s’étire de tous ses membres. La pièce est beaucoup plus grande, le plafond est d’ailleurs remarquablement haut.
Toujours très simpliste, une seconde bibliothèque y est installée, près d’un tapis. Falerme remarque également une importante collection de pierres précieuses et de diamants sur une étagère.
Mr Zonytold s’installe sur le tapis, en tailleur. Il désigne de sa main une place en face de lui, invitant le jeune garçon à s’installer auprès de lui. Falerme hésite, puis il dépose sa sacoche et s’installe timidement aux côtés du sage. Ce dernier l’observe s’installer, puis commence :
« Donc, tu as perdu ton dragon, c’est bien ça ?
– Oui, j’ai suivi ses traces de pas dans le jardin, et j’ai vu qu’il n’était plus là.
– Où est-il, d’habitude ? Demande Mr Zonytold.
Falerme réfléchit un instant avant de répondre.
– Il est dans le jardin, toujours.
– Il ne s’échappe jamais ?
– Non… Enfin, pas que je m’en souvienne. Il est toujours là, avec moi.
– De toute façon, un dragon qui s’échappe, c’est plutôt rare, n’est-ce pas ? Questionne le sage.
– Oui, et j’ai eu droit à cette remarque toute cette matinée, répond Falerme, légèrement agacé. Le fait est qu’il n’est plus là, et je veux savoir où il est.
– Je comprends, répond Mr Zonytold. Le problème, c’est que nous n’avons jamais été confrontés à un dragon qui s’échappe ou qui a été kidnappé. Difficile donc, de répondre à ta question.
– Mais il doit bien être quelque part ! S’énerve Falerme.
Mr Zonytold, toujours très calme, pose sa main sur le genou du jeune garçon, qui s’apaise aussitôt.
– Il est quelque part, il n’y a aucun doute. Puisque tu as des souvenirs de ce dragon, cela veut dire qu’il existe, n’est-ce pas ? S’interroge à nouveau Mr Zonytold.
– Bien sûr qu’il existe, mon dragon ! Il est majestueux, de grandes ailes couleur améthyste et émeraude, il est tellement gentil.
– Oui, je ressens qu’il s’agit d’un bon dragon, répond le sage. Quels souvenirs as-tu de ce dragon ? Cela nous aidera certainement à le retrouver, demande Mr Zonytold.
– Je me souviens de notre dernière balade, pas plus tard qu’hier, au-dessus des montagnes de la Vallée de Yorde. Nous planions très vite, le vent me fouettait le visage. Nous avons survolé la vallée, nous avons volé à basse altitude, puis nous avons fait une montée tout en haut et un piqué, c’était vertigineux.
– Qu’as-tu ressenti, à cet instant ? Demande le sage.
– J’ai senti une forte adrénaline, des papillons dans l’estomac. C’était magique.
– J’espère que tu étais bien accroché à ton dragon. Un piqué aussi rapide, c’est assez dangereux lorsqu’on est sur le dos d’un tel animal, relève soudain Mr Zonytold.
– Euh… Oui, bien sûr, répond Falerme, un peu perturbé par cette remarque.
– D’ailleurs, tu dois bien t’accrocher à ses écailles, qui sont sur le dos de ton dragon. De quelles couleurs sont-elles ?
Falerme se gratte le haut du crâne, un peu perdu.
– Certainement comme ses ailes, couleur émeraude et améthyste.
– Tu ne t’en souviens pas ? Demande Mr Zonytold, l’air étonné.
– Je… Je n’ai toujours remarqué que la couleur de ses ailes, elle sont tellement belles.
– C’est intéressant, répond Mr Zonytold. Tes yeux sont d’ailleurs de la même couleur, verts teintés de violet, ajoute-t-il.
– Oui, c’est vrai, répond Falerme, non sans fierté. C’est pour cette raison que nous sommes si proches, lui et moi. C’est mon meilleur ami.
Mr Zonytold lui fait un grand sourire.
– Je crois que ton dragon est plus que ton meilleur ami, Falerme. Vous partagez bien plus que de simples voyages au-dessus des montagnes. Oh, d’ailleurs, peux-tu me dire comment tu descends de ton dragon, une fois que vous avez touché terre ? Il me semble que tu l’as décrit comme un grand dragon.
Le jeune garçon reste songeur. Comment descendait-il de son dragon ?
– Je crois… Je crois que je descends en glissant sur sa queue.
– Tu crois ? Pourtant, descendre de son dragon fait partie des enseignements de base que l’on apprend lorsque l’on fait l’acquisition de cette bête magique.
Falerme commence à trouver le sage un peu condescendant. Il se relève.
– Je crois que vous n’êtes pas là pour m’aider à retrouver mon dragon, mais pour me mettre des bâtons dans les roues. Vous ne me croyez pas, j’en suis sûr. Vous pensez que j’ai inventé cette histoire ! Lance-t-il, très en colère.
Mr Zonytold se relève à son tour.
– Non, je te crois. Tu as un dragon, aux ailes émeraude et améthyste. Il est beau, fort, et foncièrement gentil, je le sens. Mais je crois que tu ne le retrouveras pas, tant que tu n’auras pas compris ce qui se passe à l’intérieur de toi.
– Mais quel est le rapport ? Quel rapport avec moi ?
– Rentre chez toi, dans ton cocon, prends une grande inspiration, et ferme les yeux. Tu sauras où est ton dragon. »
Le sage accompagne Falerme à l’entrée de sa grotte. Il l’enlace chaleureusement, lui fait un signe de la main pour lui dire aurevoir, et retourne dans sa petite taverne, le dos courbé. Il ferme la porte.
Falerme reste penaud, les bras ballants, épaules baissées, observant cette petite grotte. « Quelle perte de temps », pense-t-il.
Il retourne sur ses pas, et décide de faire une pause dans ses recherches. Il rentre chez lui.
Tout au long de son trajet, il repense à la discussion qu’il a eu avec Mr Zonytold. Il n’avait tout de même pas tort sur certains points. Il ne se souvenait pas de la couleur des écailles sur le dos de son dragon, et il ne se souvenait pas non plus de la manière de descendre une fois qu’ils étaient arrivés au sol.
Dans l’euphorie de ces moments, il est difficile d’avoir des souvenirs très clairs, pense-t-il.
Il marche si lentement qu’il lui faut près d’une heure pour rentrer chez lui, la matinée arrivait à sa fin et le soleil s’apprêtait à culminer et éclairer tout le village de ses rayons dorés.
En arrivant devant son chalet, Falerme remarque que les traces de pas ont disparu.
Soudain, il sent une violente douleur qui parcourt toute sa colonne vertébrale et le paralyse. Il s’agenouille au sol, affaibli. Il se relève quelques secondes plus tard, et rentre avec peine dans son chalet.
Il se dirige dans la salle de bain, ouvre le robinet et verse de l’eau froide sur sa nuque. Il se rafraîchit le visage également, et s’observe dans le miroir. Il contemple ses yeux verts teintés de violet. Il n’avait jamais vraiment fait le lien entre la couleur de ses yeux et la couleur des ailes de son dragon.
Il est hypnotisé par ses propres yeux, si bien qu’il se perd dans leur profondeur et se retrouve d’un coup dans le noir, comme s’il était entré à l’intérieur de lui. Une gigantesque flamme surgit dans cette noirceur, accompagné d’un grognement lourd et rauque. De grandes ailes couleur émeraude et améthyste balaient cette obscurité, laissant une traînée d’étoiles qui éblouit le jeune homme. Un moment magique, irréel, incroyable et magnifique, comme cet immense dragon aux grands yeux noirs, qui semble lui sourire.
Falerme revient tout d’un coup à la raison, et s’écroule sur le sol de la salle de bain. La forte douleur ressentie auparavant se fait encore plus puissante.
Il accourt tant bien que mal dans le jardin, se tenant aux meubles et aux murs, renversant des bibelots sur son passage, dans un vacarme assourdissant. Il s’écroule à nouveau.
Il ressent alors une chaleur intense émaner de l’intérieur de son corps, comme si une boule de feu parcourait tous ses muscles, ses organes, traversant ses veines.
Mr Leubel, toujours en train de jardiner, lâche sa pelle et son sac de terre, et accourt vers lui. Il s’écrie :
« Mme Trobette ! Ça y est, le pauvre garçon, ça recommence !
Mme Trobette, installée tranquillement sur son porche, lisant un livre, bondit de sa balancelle et court en direction du jardin de Falerme. Elle s’agenouille près du jeune homme, et lui caresse affectueusement le dos.
– Ça va aller, mon garçon, ne t’inquiètes pas, dit-elle, inquiète.
– Est-ce que tu savais qu’il était l’un des leurs, Janet ? Demande Mr Leubel.
– Non, ses parents ne m’en avaient jamais parlé, répond la vieille dame. Visiblement, il n’était pas au courant non plus. Ils attendaient certainement l’âge fatidique pour lui en parler. Pauvre d’eux, ils sont morts avant de pouvoir lui annoncer… »
Mr Leubel et Mme Trobette restent auprès de lui quelques minutes, puis doivent s’écarter et le laisser seul, pour ne pas être blessés par ses griffes, ses quatre grosses griffes qui dessineront la même empreinte laissée la veille dans le jardin.