Black history month : découvrez des auteur.ices de SF de la diaspora africaine

Le Black History Month, ou “Mois de l’histoire des Noirs”, est une commémoration annuelle initiée aux Etats-Unis, dont l’objectif est de découvrir ou re-découvrir l’histoire de la diaspora africaine, et mettre en valeur ses accomplissements. Cette commémoration, qui a connu sa première édition en 1976, a lieu en février aux Etats-Unis et au Canada, et en octobre au Royaume-Uni. Pas de mois dédié en France, qui ne célèbre (officieusement) ce mois que depuis 2018, à l’initiative d’associations telles que Mémoires et Partages.

A l’occasion du Black History Month, qui se déroule actuellement aux Etats-Unis, je vous propose donc de découvrir 4 auteurs et autrices de science-fiction et de fantasy afro-américain.es !

La science-fiction, un genre en plein essor dans le continent africain

Lorsque je parle de science-fiction, la plupart d’entre vous pense instantanément aux piliers du genre tels que MatrixBlade RunnerGhost in The Shell, ou encore les excellentes dystopies que sont Le Meilleur des Mondes ou 1984. Il est alors très rare d’évoquer des œuvres issues du continent africain, et pour cause : l’entrée de l’Afrique dans la scène de la science-fiction et la fantasy ne s’est faite que tardivement. Elle débute dans les années 2000, avec la sortie, entre autres, de la nouvelle Dr Satan’s Echo Chamber, écrite par Louis Chude-Sokei, un écrivain nigérian, et publiée en 2005 dans la revue Chimurenga.

Cependant, c’est en 2010 que le genre se développe sur le continent. La première anthologie de science-fiction africaine, AfroSF, est publiée en 2013 par l’éditeur zimbabwéen Ivor W. Hartman. Ce recueil permet alors de faire découvrir au monde la richesse de l’imaginaire africain, à travers des auteurs et autrices qui ne parvenaient pas à faire découvrir leurs œuvres. En effet, Ivor W. Hartman lui-même en a fait l’expérience en tentant de publier sa nouvelle, “Earth Rise”, en 2007, et l’explique en introduction de cette anthologie : “Alors que je cherchais un éditeur pour publier (Earth Rise), la dure réalité du secteur de l’édition en Afrique, voire tout simplement la difficulté de publication d’œuvres par des auteur.ices africains est devenu assez évident.

Dès lors, une porte s’ouvre pour les auteurs et autrices africain.es, laissant la place à la création d’un futur qui leur est propre, différent de celui présenté par les œuvres occidentales. Toujours selon Hartman, “la science-fiction est le seul genre qui permet aux auteurs et autrices africain.es d’envisager un futur selon leurs perspectives”. En effet, loin d’une Afrique engluée et prisonnière de son passé, entre esclavage moderne, néo-colonialisme et misère éternelle, la science-fiction valorise une Afrique à la pointe de la technologie, prospère et indépendante.

Afrofuturisme, Afroptimisme : L’Afrique prend sa place dans le monde de demain

Les œuvres de science-fiction africaines, et pas seulement dans le genre littéraire, offrent la possibilité pour le continent de déconstruire et de s’éloigner des carcans dans lesquels il est enfermé depuis trop longtemps. Ce courant de pensée, que l’on appelle l’afro-futurisme, est à la base des œuvres de science-fiction africaines actuelles. Apparu à la seconde moitié du 20ème siècle, l’afro-futurisme promeut en effet une autre vision de la communauté noire, loin du misérabilisme qu’on lui assigne la plupart du temps. Elle se réapproprie son image, et utilise la force imaginative de l’art pluriel pour inventer de nouveaux récits.

Dans le genre musical, on peut citer Janelle Monae, qui mélange tradition africaine et modernité dans ses œuvres musicales et visuelles.

Image exraite du clip I Like That – Janelle Monae

Sans oublier Black Panther, première œuvre cinématographique diffusée à l’échelle internationale et qui présente une population africaine puissante et technologiquement avancée.

Image extraite du film Black Panther – Marvel

Un bon nombre d’œuvres littéraires sont donc emprunts de ce courant de pensée.

Octavia E. Butler, une des premières écrivaines afro-américaines de science-fiction

Octavia E. Butler est née en 1947 en Californie. Pionnière de la science-fiction afro-américaine, elle publie notamment en 1974 une série de romans formant le cycle Patternist, un monde futuriste dans lequel l’humanité, et notamment l’Afrique, s’est divisée en trois groupes génétiques : les « Patternists », des humains supérieurs ayant acquis des pouvoirs télépathiques psychokinésiques, les « Clayarks », des superhumains à l’apparence d’animaux mutants et les « Muets », des humains ordinaires liés asservis aux Patternists.

Ses ouvrages sont emprunts de son engagement pour remettre en question l’ordre établi et les hiérarchies qui existent à son époque, tout en mettant en avant la diversité et l’inclusivité.

A lire :

Tade Thompson, le Nigéria à la pointe de la technologie

Tade Thompson est un auteur de science-fiction et de fantasy britannique, d’origine nigériane. Son roman Rose Water, primé aux Nommo Awards, la distinction de l’African Speculative Fiction Society, est une définition du cyberpunk africain. Dans son récit, le Nigéria côtoie en effet des drônes et des implants cybernétiques, marqueurs bien connus du genre.

A lire :

Nnedi Okorafor, plusieurs fois lauréate du prix Hugo de la science-fiction

D’origine nigériane, l’autrice afro-américaine obtient en 2010 le prix World Fantasy du meilleur roman pour son œuvre Qui a peur de la mort, dans une Afrique post-apocalyptique. L’héroïne, rejetée par les siens et fuyant son pays, se met alors à développer des dons magiques et puissants. Ce pouvoir lui permettra de combattre une entité mystérieuse qui cherche à lui nuire.

A lire :

Rivers Solomon, l’esclavage raconté sous le prisme de la science-fiction

Rivers Solomons est un.e auteur.ice non binaire afro-américaine. Dans ses œuvres, iel traite de sujets tels que la colonisation ou l’escalavage, en puisant dans l’imaginaire de la science-fiction, de l’horreur ou de la fantasy. Son dernier ouvrage, Les Abysses, raconte l’histoire d’un mythe. Durant l’esclavage, en effet, chaque femme tombée enceinte dans un bateau négrier était jetée à la mer. Celles qui survivaient devenaient alors des sirènes, et oubliaient ce traumatisme, jusqu’à ce que Yetu, l’héroïne, décide de leur rappeler leur passé.

A lire : 

La scène française, à mon grand regret, est encore derrière les rideaux. Il existe très peu d’auteurs et d’autrices de science-fiction français et françaises issus de la diaspora africaine. Un appel à textes a été lancé par la revue Omenana, qui met en avant les œuvres littéraires des français.es issus de la diaspora. Vous êtes fan de science-fiction et avez l’âme d’un écrivain ou d’une écrivaine ? Lancez-vous ! L’appel à textes se termine le 15 février 2022.

Espérons que ces initiatives fassent émerger les talents manquants de l’Hexagone.

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